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Ramon Faura-Labat
6 février 2012

POURQUOI L’USAP A PERDU SON TRIPLE A

perpignan_rugby

L’USAP à Perpignan aurait pu devenir le même moteur que le « Barça » à Barcelona, dynamiseur de l’envie d’entreprendre des Catalans. L’USAP était devenue le symbole d’une Catalogne Nord qui gagne (au moins au rugby) après sa finale en 1998 et son succès en 2009. Aujourd’hui, le manque d’ambitions nous fait revenir à la dure réalité d’un département dernier en tout que l’on appelle « les Pyrénées Orientales ».

 

Maintenant que dix ans ont passé, je vais essayer de vous raconter, en tant qu’ancien acteur de la vie de ce club, les raisons qui on fait perdre l’excellence à l’USAP qui laissera sa place dans l’élite à Montpellier, comme l’ont fait Béziers ou Narbonne, victimes de stratégies parisiennes (une équipe par région : les capitales) que les Roussillonnais n’ont jamais voulu contrecarrer.

Tout a commencé par Alain Teixidor qui imposait « L’Estaca » comme hymne de l’USAP, puis ces phases finales qui ont vu 20.000 supporters se déplacer à Nîmes et enfin 40.000 Catalans à Paris, pour la finale. J’avais 18 ans et je rentrais dans ce Stade de France où les joueurs professionnels du Stade Français allaient terrasser les vaillants joueurs de mon USAP qui étaient des paysans, ouvriers ou artisans et jouaient encore au rugby amateur avec leur cœur. Ils mouillaient le maillot « per la gloria catalana », comme le chantait Jordi Barre. Il y avait dans le Stade de France 10% de la population de mon département qui avait fait 1000 kilomètres au-delà de Salses pour soutenir « ses guerriers ». Le stade et Paris étaient entièrement envahis par les drapeaux « sang et or » ! La télévision s’est pourtant évertuée à ne nous montrer que les 2000 « supporters parisiens » que l’on avait disposés tout autour du terrain et à qui on avait offert la place ainsi que la parfaite panoplie du supporter d’un club sans âme. Un club monté de la quatrième division à la première à coup de millions, en seulement quatre années. On ne peut pas dire que cette finale était celle dont je rêvais mais elle a eu le mérite de me révéler ma condition en tant que petit roussillonnais (que les parisiens prenaient pour des supporters de Lens) face à la capitale toute puissante. J’étais fier de voir tous ces Catalans réunis et heureux d’être ensemble dans la simplicité d’une grillade ou d’un « porró » de vin qu’ils faisaient tourner. Je me suis senti agressé par les mégaphones du stade qui nous imposaient « I will survive », l’hymne des parisiens, à tue-tête, pour couvrir nos chants. Ou encore par cette horde de CRS qui nous escortaient jusqu’au métro, comme pour nous dire, « rentrez chez vous, on vous a assez vus ! ».

 

Deux ans plus tard, je décidais de partir étudier à l’Universitat de Girona pour y obtenir une licence d’économie et pour apprendre le catalan. A mon retour à Perpignan, j’ai créé le club de supporters « Penya Angelets de la Terra » dont l’objectif était de créer des liens avec la Catalogne du Sud. J’étais étudiant, j’avais donc le temps de faire d’innombrables déplacements à Barcelona, Vic, Girona, Lleida, et même Gandia au Pays Valencien pour y impulser la création d’autres « penyes de la USAP ». Pour moi, le futur de notre département, son développement et sa croissance, passaient par le renforcement des liens avec le Sud dans une Europe ambitieuse, unie et sans frontières que j’avais découverte au milieu des étudiants Erasmus à Girona.

Malheureusement, cette vision n’était pas partagée par les dirigeants de l’USAP qui, lorsqu’ils faisaient une grillade des groupes de supporters, n’invitaient pas « les Espagnols ». L’USAP se refusait à « prendre le risque » de réserver 60 places pour le premier autobus de supporters organisé depuis Barcelona. J’ai dû acheter ces places et prendre le risque à la place du club. C’est pourquoi, Francesc Robert i Ribes, un important entrepreneur andorran, membre du club, m’invitait, en tant que représentant des supporters de l’USAP, à des repas de lobbying à Barcelona. J’étais probablement le seul à y croire vraiment. J’ai renoncé à m’engager plus longtemps dans le club, lorsque les dirigeants ont nommé coordinateur des « penyes de Catalogne » (du sud) mon ancien surveillant au lycée Bon Secours qui n’avait jamais passé la frontière pour les rencontrer et qui ne parlait pas un mot de catalan. J’étais désavoué après tout ce travail ingrat, mais je décidais de continuer d’une autre façon à défendre mes idées « européistes » et « usapistes », en créant la revue bilingue « Angelets de la Terra » que j’ai distribuée pendant 10 ans au stade et des deux côtés des Pyrénées.

 

Aujourd’hui, j’ai de la peine en voyant l’USAP sombrer après avoir surfé sur la vague de la bonne gestion de Marcel Dagrenat, ancien président jeté comme un malpropre. Les penyes du Sud ont arrêté de suivre l’USAP car elles n’étaient pas suffisamment considérées. On a dégoûté les Catalans du Sud comme Jordi Pujol, ancien Président du Gouvernement de Catalogne qui était devenu président d’honneur de l’USAP. On a dégoûté des « expatriés » comme Jacques Séguéla qui voulait s’impliquer dans le club. On leur a rétorqué, « vous ne nous volerez pas notre USAP ! ». Lourde responsabilité des dirigeants…

Pourtant nous devons désormais nous battre pour ce club. 

Nos élus doivent soutenir l’USAP et aider activement le club porte-drapeau de notre département à trouver des partenaires financiers en Catalogne du sud ou « Nord d’Espagne », peu importe, en espérant qu’ils veuillent toujours s’impliquer, car la crise est là... Nous ne pouvons pas tout espérer de Paris ou de Montpellier, leur équipe leur coûte déjà très cher et Perpignan est loin d’être une priorité.

 

Vu notre situation transfrontalière, il faut continuer à construire l’Europe, en tablant sur l’Eurorégion, l'Eurodistricte, le TGV, l’hôpital de Puigcerdà, l’enseignement du catalan dans les écoles, l’Institut Franco-Catalan de l’Université de Perpignan, les Dragons Catalans et l’USAP… Ce sont autant de travaux entrepris depuis une vingtaine d’années qui finiront par nous apporter équilibre et prospérité. Ne gâchons pas tout en nous repliant sur nous-mêmes. Il faut retrouver l’espoir et imaginer un futur meilleur. Sempre endavant !

angelets-torcida

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Ramon Faura-Labat
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